
La personne sur la photo est en train d’utiliser un tribulum. Il s’agit d’un instrument agricole utilisé pour dépiquer les céréales (séparer les grains des tiges) et hacher la paille. Il est tiré par un animal (cheval, âne, bœuf…) et selon les modèles on peut, comme sur cette image, se placer dessus pour utiliser son propre poids. L’action combinée du tribulum et du foulage par les animaux qui permet de cisailler les tiges et de séparer les grains.
Cet instrument est encore utilisé dans l’agriculture traditionnelle autour de la Méditerranée en Syrie, en Anatolie, dans le sud des Balkans, en Grèce, en Espagne…
Quel rapport avec l’archéologie ?
Dans de nombreux sites néolithiques (vieux de quelques milliers d’années donc), alors que l’agriculture se développe, on trouve de nombreux fragments de lames en silex dont la fonction est longtemps restée énigmatique.
Ces lames portait un « lustre », un poli très brillant et très intense, comme il s’en forme sur les outils utilisés pour couper des céréales. La plupart des archéologues pensaient donc qu’il s’agissait de lames de faucilles.
Ces lustres étudiés par des spécialistes en archéologie, que l’on appelle tracéologues, ont pourtant révélée une toute autre utilisation… Des analyses ont ainsi pu montrer que ces fragments de lames étaient en réalité des éléments de tribulum.
La tracéo…quoi ?
C’est l’étude des traces d’usure sur les objets archéologiques, d’abord les artefacts en silex ont été étudiés, puis la discipline s’est étendue notamment à l’outillage osseux.
Pour interpréter ces traces sur des objets archéologiques, il faut les comparer à des traces dont l’origine est connue grâce à l’expérimentation. Il faut fabriquer des outils identiques et les utiliser sur divers matériaux, selon divers gestes. Les traces expérimentales obtenues permettent de construire un référentiel de comparaison. Grâce à ce référentiel, il est possible de comprendre le mouvement effectué (racler, couper, percuter…) et la matière travaillée (végétaux, peau, viande, matière osseuse…).
De l’utilité de l’ethnologie en archéologie
Les résultats d’une enquête ethnographique (donc auprès d’une population vivante) permettent parfois de mieux comprendre certaines interprétation archéologiques.
Ici c’est en observant des agriculteur utilisant actuellement des tribulum que l’on a pu comprendre cette technique, ses variantes, son intérêt… Ce connaissance a permis de réaliser des expérimentations et donc de comprendre le matériel archéologique.
Une petite vidéo pour aller plus loin
C’est en anglais, mais les non anglophone peuvent toujours regarder les images…
Pour aller un peu plus loin…
Anderson P. 2006. Premiers Tribulums, Premières Tractions Animales au Proche-Orient vers 8000-7500 BP? : in Petrequin, P. et Arbogast, R.-M. (éds), De l’araire au chariot. Premières tractions animales en Europe occidentale du Néolithique à l’age du Bronze moyen. Actes du Table-tonde Internationale, Le Frasnois (Jura, 12-15 juin 2002), Éditions du CNRS, 299-316.
Anderson P. C. 2000. La tracéologie comme révélateur des débuts de l’agriculture, in : Guilaine, J. (éd), Les premiers paysans du monde. Naissance des agricultures, Paris, Errance, 99-119.
Gibaja J. F., Clemente I. 1998. Working Processes on Cereals: An Approach Through Microwear Analysis, Journal of Archaeological Science 25-5, 457-464.
La liste complète des archéodéfis :
#1 : Premier jour…
#2 : Dans 10 000 ans
#3 : Vieux meubles
#4 : Objet mystère…
#5, animaux préhistoriques
#6 : un tour en Egypte
#7 : Qui suis-je ?
#8 : nous les singes…
#9 : des extraterrestres ?
#10 : mais qu’est-ce que c’est que ça ?
#11 : Que fait-il ?
#12 : C’est beau, mais c’est quoi ?
#13 : Une fresque mystère
# 14 – Lucy, mémé ou cousine ?
# 15 – Drôle d’objet
#16 : Qui suis-je ?
#17 : Musique !
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One Reply to “Archéodéfis #11 – La solution : un tribulum pour dépiquer les céréales”